Quand la Bien Molle R65 devient Bien Morte

ou comment faire passer de vie à trépas une placide BM R65

Jusque-là, la Bien Molle R65 coulais des jours heureux, oh, avec des hauts et des bas puisqu’engluée dans des soucis de carburation. Le régime du ralenti était enfin retrouvé avec de nouveaux joints et gicleurs mais elle avait toujours un peu de mal à prendre des tours, pourtant avec des gicleurs principaux réalésés à 160, elle devrait péter la forme la mollassonne, mais elle préfère saturer entre 3 et 4000 tr/min.

Je réessaye de nouveaux gicleurs d’origine en 140, pas mieux, je change de filtre à essence, pareil, je supprime le filtre à essence, aucuns changement, j’augmente la richesse du mélange par la vis du même nom, toujours pareil, je resserre le réglage, idem. Dans un ultime essai routier infructueux, je la remets sur le pont et lui enlève les filtres à air. Je joue maintenant à lui obstruer plus ou moins l’arrivée d’air mais sans changement et là je ne sais plus qui me dis (je ne veux pas m’en souvenir) de lui injecter plus d’air avec la soufflette d’air comprimé. D’une simple injection d’air la Bien Molle s’envole dans les tours, accompagnée illico par un sale bruit métallique suivi d’un fracas épouvantable… le moteur a rendu l’âme !

Dépité et après avoir accusé le coup (j’hésite encore entre pleurer seul dans mon coin ou prendre un briquet pour mettre le feu à cette Bien Morte), je démonte, une fois refroidi, le haut moteur côté droit. Déjà, en déposant l’échappement et le carburateur, une multitude de débris s’en échappent, c’est confirmé, broyage complet. Couvre culbu, culasse et cylindre sont extrait sans mal et laissent apparaître un énorme trou en plein centre du piston. La culasse, une fois retournée confirme une casse de soupape. Les dégâts sont énormes, la soupape est venue marteler l’ensemble de la chambre de combustion. Culasse, soupapes et cylindre-piston sont HS.

Après démontage du haut moteur gauche (qui est intacte), je cherche sur le « coin » des pièces moteur de 650. J’en trouve quelques-unes mais pas de culasse côté droit, uniquement des gauches ?! Bonne nouvelle (et ce sera la seule) les cylindres-piston sont les mêmes à droite comme à gauche. Je prends contact avec les spécialistes du flat teuton pour en savoir un peu plus. L’atelier Légendes à Neuilly sur Marne me confirme qu’une culasse droite est introuvable puisque c’est celle qui lâche en premier !?

Effectivement les BM de ces années-là (1979) ne sont pas prévues pour fonctionner à l’essence sans plomb (même SP98), les guides et soupapes finissent par casser et (d’après le spécialiste) toujours du même côté. Donc aucune disponibilité sur une culasse droite que ce soit en région parisienne comme chez « Atelier du roule toujours » que chez d’autres spécialistes. Je consulte sur Internet le prix des pièces neuves (shop.maxbmw.com) mais l’addition est exorbitante, plus de 1000 euros.

Je calcule le prix en pièces d’occasion aussi, même si le bon côté de culasse reste introuvable, le total dépassera les 500 euros. Je me souviens avoir vu sur « le boncoin » deux moteurs à vendre, l’un complet de 1981, 60000 kms pour presque 2000€ et l’autre nu de 1988, 35000 kms pour 520 €. Pour moi y pas photo, j’appelle le vendeur du moteur à 520 € qui me précise que son moteur est nu, sans allumage, alternateur, démarreur… et que je ne peux pas y mettre mes équipements de 1979. Une différence de diamètre entre l’allumeur à rupteur sur le mien et électronique sur le sien mais aussi avec l’alternateur, les usinages des carters sont différents. Fausse joie mais je ne m’avoue pas vaincu, puisqu’au prix où il vend son moulin, je pourrai prélever les deux hauts moteurs et les installer sur mon bloc d’origine.

Une rapide consultation du site des pièces BMW pour trouver une concordance des éléments du moteur de 1979 par rapport à celui de 1988 fait apparaître plusieurs différences de références sur les cylindres, pistons, culasses. Les mécaniques plus récentes adoptent le traitement Nikasil des cylindres et les culasses optent pour différents diamètres de soupapes, le seul point positif est que tous les joints pris au détail sont communs. Joint d’embase, joint de culasse, joint de cache culbuteur, joints d’échappement et tiges de culbuteurs sont identiques pour toutes les R65. J’ai bon espoir !

Les spécialistes du moteur à plat, que je recontacte, m’avouent n’avoir jamais essayé ce type d’adaptation. Seul le boss de Légendes pense se souvenir d’une différence d’épaulement du cylindre sur le bloc. Bon, me voilà bien avancé. Je tente le coup ou j’attends de trouver un moteur de la même année pour plus de sécurité et au bon prix.

Je tente le coup et commande le moteur de 1988. J’essaye de négocier le prix auprès de MCSO (Moto Casse du Sud-Ouest) puisqu’il faut ajouter les frais de transports depuis le sud + 70 €. J’obtiens une ristourne de 30 € qui ramène le prix total à 570 €. Je croise les doigts pour l’adaptation. Encore une bonne semaine d’attente, je n’ai pas fini mes nuits blanches à psychoter sur ce que personne (à ma connaissance) n’a jamais fait !   

 

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